Beijing - Datong - Pingyao - Xi'an
Ni hao!
Comme vous le savez, nous avons suspendu notre voyage durant quelques temps. Pour cette raison, ce post ne sera ni exhaustif ni chronologique. Voici simplement, en vrac, quelques histoires qui ont jalonne notre parcours.
L’hospitalite de Xu Zhe:
Sur le quai de la gare de Beijing, en partance pour Datong, nous sommes abordes par Xu Zhe (veuillez prononcer Tchou Dze), etudiant en mathematique, qui retourne au pays en compagnie de sa maman. Tous deux nous prennent (presque d’autorite) sous leur protection, nous montrant comment s’y prendre dans le dedale de la gare de l’Ouest. Ils vont jusqu’a echanger leurs places pour faire le voyage a nos cotes. Les quelques notions d’anglais de Xu Zhe, associees a notre « Mandarin phrasebook », nous permettent de faire plus ample connaissance et, rapidement, tous les occupants du wagon en profitent, curieux d’en savoir plus sur les deux etranges oiseaux que nous sommes.
Six heures plus tard, nous nous quittons, non sans avoir ete convies avec insistance chez eux, dans une bourgade a 70 bornes au sud de Datong.
Le surlendemain, nous voici donc a la gare routiere de Hunyuan, ou nous repoussons les assauts des taximen, en leur expliquant tant bien que mal qu’un ami doit venir nous chercher. Ils restent neanmoins dans les parages, curieux de savoir qui peut bien frequenter des laowais (litteralement : « vieux blancs »). Xu Zhe et sa maman viennent enfin nous chercher et nous marchons ensemble jusque chez eux. Ils vivent dans l’un de ces quartiers de maisons de brique que nous avons apercus a plusieurs reprises, depuis les fenetres du train. Le pere de Xu Zhe est instituteur et la famille habite dans l’enceinte de l’ecole, a deux pas de la cour de recreation. Le quartier que nous traversons pour y arriver ressemble un peu aux Hutongs de Beijing, peut-etre en un peu moins labyrinthique et un peu plus fleuri (la campagne, quoi !). Marianne y retrouve avec plaisir des monceaux de roses tremieres, ainsi que d’autres fleurs, jamais vues, entre la rose et l’oeillet. Dans la cour commune, se dresse un petit potager bien propret, ou poussent aubergines, tomates et plants de mais. La piece a vivre fait a la fois office de salon, de chambre des parents, de cuisine et de salle de bain, sur une surface d'a peu pres 15 metres carre (il y en a apparemment une seconde un peu plus loin, ou dorment les enfants - he oui, deux enfants, on est loin du controle strict de la capitale). S’y trouvent, au grand complet, un lit, une armoire, une table basse, un poele, un petit seche-linge, une bassine, un ventilateur, une valise et quelques piles de livres. L’aspect general est particulierement spartiate et les conditions de vie sont rudimentaires – ils mangent a meme le sol, se lavent dans une bassine, les toilettes sont dehors et se limitent a une longue tranchee sans cloisons.
Comme il se doit, nous n'arrivons pas les mains vides, mais nous n'atteignons pas la cheville de leur generosite. Ils nous installent comme des rois sur le lit parental, avant de nous offrir des tomates fraiches du jardin. Nous leur montrons les photos de nos familles et ils nous font les honneurs de leur album familial. Lorsque nous leur faisons cadeau de notre photo de mariage, ils insistent pour que nous prenions la photo de famille qui trone dans un cadre. Impossible de refuser (n'oubliez pas la constante barriere linguistique ! ). Quand la communication est ainsi reduite, ce sont surtout ces petits gestes et les echanges qui comptent. Ils nous invitent ensuite a deguster de fraiches pasteques, puis une ratatouille d’aubergines accompagnee de boules de pain cuites a la vapeur. Des moments precieux. Nous passerons encore l’apres-midi en leur compagnie, puisqu’ils nous accompagnent jusqu'a un monastere suspendu a une falaise abrupte, accroche comme un nid d’abeilles : un site vertigineux !
La gentillesse et l’hospitalite de la famille de Xu Zhe sont confondantes. Nous ne les oublierons pas.
Le syndrome chinois touche meme les Ecossais :
A force de prendre des bus publics, ou chacun molarde a tout bout de champ, Chris est atteint d’un syndrome chinois, genre de rhume de cerveau, et se retrouve cloue au lit par une forte fievre durant trois jours. Nous sommes coinces a Datong, detestable ville rebaptisee Klaxong par nos soins (en moyenne trois klaxons a la minute 24 heures sur 24 : les voitures, les motos, les trains, tous en choeur). Marianne prend son role de Docteur au serieux et Chris se laisse chouchouter sans resistance. Il faut pourtant nous rendre a l’evidence le troisieme jour : la fievre ne baisse toujours pas et il faut rentrer a Beijing pour obtenir un avis medical fiable. Apres une semaine de repos, tout rentrera dans l’ordre. Ca aussi, ca fait partie du voyage...
Enquete a la BSP (Bureau de la Securite Publique) :
A Beijing, nous louons des velos : c’est de loin le meilleur moyen pour profiter de la ville. Pourtant, un soir, au moment de recuperer nos velos apres un petit resto, une surprise desagreable nous attend. Plus de velos, disparus, envoles ! Ne reste sur les lieux du crime qu’un minable cadenas force. Pour obtenir un constat de vol pour l’assurance, nous nous rendons donc au poste de police le plus proche... et entamons ce qui s’averera un calvaire administratif surreel de presque trois heures. Au debut, pas besoin de faire un dessin, il suffit de brandir le cadenas. On nous laisse ensuite en compagnie d’un plancton, hilare a chaque fois qu’il pense a nos velos voles (a moins que nous n’ayons vraiment l’air ridicule, notre pauvre cadenas a la main). Nous entamons alors la conversation et lui demandons si cela arrive souvent. Il nous repond que oui et que, d’ailleurs, lui-meme, il en a voles beaucoup. Hum, s’agit-il d’une erreur linguistique ?! Pas sur : lorsque nous lui demandons si c’est facile de forcer un tel cadenas, il assure, tout fier, qu’ils sont reellement difficiles a ouvrir. Bon.
On nous annonce alors qu’il faut aller dans un autre commissariat et nous voila embarques dans un fourgon de police, barreaux aux fenetres. Ont-ils bien compris que nous sommes les voles et non pas les voleurs ?
La-bas, tour a tour, ils nous posent mille questions, plusieurs fois les memes, comme dans les films, lorsqu’il s’agit de confondre les criminels. Quels sont nos professions, ages, taille ( !), nos precedentes destinations en Chine, la raison de notre sejour, et ainsi de suite. Au bout de ce traitement, nous obtenons enfin notre constat et nous signons notre deposition, typographiee... en chinois. Inutile de lire les petits caracteres. Nous esperons ne pas avoir achete une maison a Pekin. Retour a l’hotel a deux heures du mat’, completement moulus.
Quelques breves :
- Les grottes de la crete nuageuse :
Un site d’une grande beaute ou de gigantesques bouddhas sont sculptes dans la falaise. Depuis la penombre de leur grotte, ces visages nous sourient, enigmatiques et repus.
- Le massage chinois : une sino-cure
Juan, le cousin de Marianne, qui vit en Chine, nous fait decouvrir les secrets de Pekin et nous gate durant deux jours. Entre autres, il nous offre un massage chinois base sur la reflexologie. Fabuleuse experience, ou l’on passe de la douleur (quasi aigue) a la detente profonde en quelques secondes. Merci Juan !
- Echec et math a Pingyao (« Tsou la ! ») :
Depuis un mois, nous sommes fascines par les chinois qui jouent dans la rue a un jeu qui nous semblait completement esotherique. Enfin, a Pingyao (charmante petite ville fortifiee, inchangee depuis l’epoque Ming), nous rencontrons Jeremy, un americain ayant reussi a percer les arcanes de ce jeu : les echecs chinois (et non les dames, comme indique dans un post precedent). Enthousiastes, nous passons l’apres-midi entiere a apprendre les regles avec lui. Le soir-meme, nous achetons un jeu et, depuis, il s'avere un veritable outil de rencontre, puisqu’il suffit de l’ouvrir, pour qu’un chinois se penche par-dessus notre epaule et s’interesse aux strategies en cours.
- Le comble pour un Bobby :
Rencontre d’un policeman londonien en vacances, qui ne se remet pas de s’etre fait vole son portefeuille par un pick-pocket. Shocking, isn’t it !
- L’armee de terre cuite a Xi’an :
Puissante image que celle de ces hommes en morceaux, a demi ensevelis dans la terre et les decombres. Comme un champ apres la bataille, le desastre des corps et des vies brisees... Sauf qu’ici, les soldats sont de terre cuite et continuent a sourire fierement comme au premier jour, a defier, de l’assurance de leurs regards vides, leur pire ennemi : le temps.
Aujourd’hui, nous nous envolons pour le Xinjiang, la route de la Soie et les cites ensevelies. Que de promesses !
Cheerio,
Marianne et Chris