dimanche, juillet 31, 2005

Once upon a time in Mongolia

Sain bain uu!!

Nous voici deja a la fin de notre periple mongol, qui n’est pas evident a raconter, au vu de la multitude des experiences et de la richesse des rencontres effectuees… Mais, a l’intrepide, rien d’impossible !

Ulaan Baatar, bien plus qu’un camembert bleu au Trivial Pursuit :
A notre arrivee, nous sommes frappes par l’empreinte sovietique laissee a Ulaan Baatar. Le cœur de la ville en temoigne amplement : s’y trouvent une grande place carree, bordee de batiments massifs et, selon toute apparence, concue pour les defiles militaires, ainsi que la statue et le mausolee (etonnement semblable a celui de Lenine) de Sukhbaatar, qui, en 1921, decrocha l’independance mongole (alors sous la coupe chinoise), au prix de la sujetion du pays a l’ideal communiste. C’est d’ailleurs a cette epoque que le PC rebaptisa la capitale mongole du nom d’Ulaan Baatar, ou « Le heros rouge ». Pourtant, a la peripherie des HLMs sovietiques, la ville merite encore son ancien nom d’ « Urga », qui signifie litteralement « Camp » : sur les collines, les gers (ou yourtes) s’accumulent au fur et a mesure que les nomades se sedentarisent, attires par l’illusion d’une vie moderne et confortable.
Par ailleurs, depuis la chute du communisme, d’anciennes croyances et traditions, longtemps opprimees, refleurissent, telles que le bouddhisme tibetain (dont les superbes temples reprennent peu a peu du service) et certaines pratiques chamanes, toujours bien vivantes. Enfin, un veritable sentiment de fierte nationale se cristallise autour de la figure de Chinggis Khan (Genghis Khan), omnipresent, des noms de bieres aux noms de rues.

Le Naadam, ou les Highland games de Mongolie :
Un peu par hasard, nous debarquons en Mongolie en plein cœur du Naadam : trois jours de jeux et de fetes continues, ou s’affrontent les meilleurs chevaux/cavaliers, archers et lutteurs du pays. Nous prenons donc le chemin du stade, ou se deroule le tournoi de lutte sous un soleil de plomb. Comment vous decrire un lutteur mongol ? Imaginez un geant bati comme une armoire a glace, en bottes de cuir a pointes recourbees, jambes nues, slip minimaliste bleu roi orne de broderies (on a pas ose regarder de trop pres), torse nu encadre de manches rouges (broderies coordonnees) et petit bonnet pointu. Neanmoins, l’habit ne fait pas le lutteur : habillez Chris de la meme tenue et vous aurez un vrai tue-l’amour. L’issue d’un combat est determinee par un subtil dosage entre puissance et technique. Le vainqueur , acclame par la foule, contourne alors les emblemes des 9 provinces mongoles, en imitant a plusieurs reprises le vol de l’aigle. Si vous avez toujours Chris en tete et qu’il fait la mouette, evacuez immediatement cette vision d’horreur !
Fascines par un tel spectacle, nous ne voyons pas arriver une tempete de sable digne du Sahara. En un instant, le vent et ses tourbillons de poussiere balaient le stade et la foule, juste avant de ceder la place a un orage de legende, qui deverse des trombes d’eau, puis d’enormes grelons ! Dans l’arene, tout s’arrete, mais le spectacle continue dans les gradins, ou la foule, hilare et prise au depourvu, deploie les parapluies et une solidarite sans pareil. Dans la cohue, nous echangeons sourires, mouchoirs et provisions avec nos voisins, dont la gentillesse et la spontaneite resteront dans nos memoires.

Les transports mongols, un casse-tete chinois pour les backpackers belgo-ecossais :
Apres quelques jours dans la capitale, malgre les avertissements de certains mongols bien intentionnes, nous decidons de partir a la decouverte des steppes au moyen de transports locaux. Arrives de bonne heure a la gare routiere, nous trouvons rapidement un minivan en partance pour Karakorum (ancienne capitale de Chinggis Khan). Le depart devrait etre imminent, puisque tous les sieges sont deja occupes. Pourtant, le temps passe et les passagers continuent a affluer. Nous sommes tombes sur un champion de Tetris local ! En fin de compte, il nous faut attendre 6 heures, jusqu'à ce que le conducteur soit satisfait de son score de 17 personnes dans un van de 9 places. C’est ce qui s’appelle « se meler » a la population. Au bout de 8 heures de piste, nous arrivons a destination, ou , contre toute attente, il n’y a plus de transport en commun : pour voyager d’une region a une autre, il faut repasser par la capitale. Dans notre infinie sagesse, nous decidons donc de minimiser les trajets et de nous concentrer sur un programme d’ecotourisme local. Pour rallier le point de depart, nous faisons du stop, et nous nous entassons a 7 dans une voiture pour un trajet ponctue par une crevaison, a l’image de tous les deplacements que nous ferons par la suite (nous pourrions aussi vous raconter, entre autres, comment nous avons pousse un minivan trop peu puissant pour franchir un col et comment nous nous sommes retrouves a marcher loin derriere le van a deux heures du mat pour une poignee de kilometres de dure grimpette).

Ger-to-Ger, le cœur de notre experience mongole :
En deux mots, cette toute jeune ONG permet, pendant 7 jours, de voyager de famille nomade en famille nomade ou de ger en ger et, donc, de nous immerger completement dans ce mode de vie. Chaque jour, un membre de la famille nous guide a travers les steppes, vers la famille suivante a cheval ou en charrette a Yack.
- La ger, un monde en soi, ou chaque chose trouve sa place :
L’entree est toujours orientee vers le sud, alors qu’au nord, se trouvent l’autel des ancetres, les objets precieux, les photos de famille. Le maitre des lieux s’assied toujours a ses cotes. L’ouest est reserve aux selles, et le nord-ouest aux invites. L’est est le quartier des femmes et des ustensiles de cuisine (en gros pas besoin de boussole en Mongolie). Au centre, entre les deux piliers qui soutiennent la ger et relient la terre au ciel, trone le foyer : un poele dont la cheminee sort de la tente par un orifice, qui laisse aussi entrer la lumiere et peut etre obstrue en cas de pluie. Les comportements sont eux aussi fortement codifies : on entre toujours du pied droit dans une ger et ce, sans en pietiner le seuil (ce qui equivaut a pietiner la nuque du maitre des lieux). On n’entre pas non plus avec un baton a la main, ce qui signifie, grosso modo, « vous etes tous des chiens ». Dans la ger, la tenue correcte est de rigueur : manches longues et chapeaux sont apprecies. Il est interdit de passer entre les piliers de la ger, ainsi que de rester debout : il faut s’asseoir (par terre, sur un lit ou sur un petit tabouret) pour montrer que l’on apprecie l’accueil. Retirer son chapeau signifie que l’on voudrait y passer la nuit. Le foyer, et surtout le feu qu’il contient, doit inspirer le plus grand respect, afin de ne pas froisser l’esprit qui y reside : on ne pointe donc pas la semelle des ses bottes dans sa direction, tout comme il serait tres inconvenant d’y jeter des dechets.Enfin, veritable defi pour Marianne (qui a subi un entrainement pousse dans le transsiberien –« donne la pa-patte… »), les objets et la nourriture se recoivent et se prennent de la main droite, coude soutenu de la gauche. Autant vous dire que, au debut, avec toutes ces regles, on a l’impression de faire une bourde a chaque battement de cil.
- L’hospitalite mongole n’a pas de limites :
L’arrivee dans une famille est toujours un moment tres particulier : tous se rassemblent dans la ger et nous sommes invites a nous installer en bonne place. Nous ne tardons pas a recevoir un bol de « sute-tsai » (the au lait chaud sale) ou d’ « airag » (lait de jument fermente qui, a notre humble avis, presente une petite ressemblance avec la gueuze artisanale), ainsi qu’un morceau de fromage genereusement tartine de beurre cremeux (« urum »). Nous sommes vraiment au centre de l’attention et il nous appartient de briser la glace. Nous nous presentons a l’aide de quelques mots de mongol appris sur le tas ( l’anglais est absolument inutile) et nous montrons des photos de nos familles ou de notre mariage, qui sont recues avec enthousiasme. Le point-it (petit fascicule d’images) de JB et Annick est aussi tres utile et suscite beaucoup de curiosite. Le contact est particulierement facile avec les enfants, avec lesquels nous echangeons chants (« dans ma maison un grand cerf » rencontre un franc succes ici), concours de grimaces (Marianne gagne a tous les coups !), jeux tels saute-mouton, 1-2-3 soleil, etc. Le soir, nous partageons le repas des nomades. Nous avons ainsi deguste les nouilles au mouton, le riz saute au mouton, le bouillon de mouton, l’os de mouton et ainsi de suite. Chris ronge maintenant les os comme personne et Marianne mange tout son gras, incroyable mais vrai. Apres le diner (mais aussi avant et pendant), la vodka mongole est de rigueur. Distillee « maison » a partir de lait de jument, elle se boit avec respect (trois bols minimum) apres avoir offert une goutte au ciel, une au foyer et une a la terre … Apres quoi, nous faisons semblant d’etre ivres, ce qui les fait rire aux eclats. Nous participons a la soiree en chantant quelques melodies bien de chez nous, alors que certains anciens nous font parfois l’honneur et la joie d’entamer un morceau de « chant long ». Il arrive aussi que le maitre de maison nous propose de priser dans sa tabatiere, geste de bienvenue tres apprecie.
- Le quotidien des nomades :
Tot le matin, les femmes s’occupent de la confection des produits laitiers, apres avoir trait les yacks (sarteks), les chevres et les juments. Marianne s’en donne a cœur joie, courant derriere un yack qui refuse de se laisser traire par une jolie blonde. Face a sa mine deconfite, les nomades, hilares, lui proposent une bete plus a sa mesure, une chevre ! Marianne participe aussi a l’elaboration du fromage, et Chris commence a redouter serieusement l’elevage de chevres a Bruxelles. Quand il est frais, ce fromage est un pur delice. D’ailleurs les faucons ne s’y trompent pas puisqu’ils piquent regulierement sur les gers pour en attraper quelques-uns en guise d’akouskis.
Mais alors, nous direz-vous, que fait Chris pendant ce temps-la ? Le pere de famille vient le trouver et lui glisse le seul mot d’anglais qu’il doit connaître, « business », et l’attire a l’abri des regards dans la ger. En effet, il a apercu ses jumelles et lui propose un troc : les jumelles contre un cheval et une tabatiere. Honnete, non ? Quand ils ne troquent pas, les hommes s’occupent principalement des chevaux, ainsi que de conduire les moutons et les chevres vers de verts paturages. La tache n’est pas de tout repos, car des loups attaquent regulierement les troupeaux. Ainsi, un soir, un etalon rentre au campement avec une morsure de 5 centimetres de diametre. Pour le soigner, 3 hommes le maintiennent a terre pendant que le quatrieme nettoie a l’eau la plaie saignante. A l’aide d’une pince, il extrait ensuite de gros vers blancs loges dans la blessure. Ca grouille. Enfin, il cauterise avec une poudre blanche (sorte de chaux). Le cheval ne bouge plus, completement etourdi. De retour dans la ger, quelqu’un allume alors une petite bougie sur l’autel, juste devant une statuette de cheval. Elle brulera toute la nuit. Quant a nous, pelotonnes dans nos sacs de couchage sous la tente, nous guettons longtemps les hurlements des loups, pas tout a fait rassures.
C’est dans cet etat d’esprit que nous subissons, a travers la tente, les marques d’affection des chevres, des yacks et des chiens. Ainsi, un matin, un bouc s’eprend tellement de la tente qu’il la deforme completement et pietine Chris au passage.
- Chris et Marianne, « steppe by steppe » :
Voici la reponse a la question qui est sur toutes les levres : mais comment donc nous sommes-nous deplaces de ger en ger ? Les deux premiers jours, encore jeunes et insouciants, nous montons a cheval. Galoper a travers les steppes procure une sensation de liberte hors-du-commun. L’experience est enivrante. A un tel point que nous en oublions que nous sommes assis sur des selles mongoles, faites de bois, avec des rivets en fer. Ces selles s’averent progressivement de veritables instruments de torture et mettent nos fesses a feu et a sang. Au milieu du deuxieme jour, vu nos plaies, nous decidons de poursuivre a pied, chose inconcevable pour un mongol (tiens tant qu’on y pense, un autre instrument de torture mongol est un simple petit tabouret de bois sur lequel on vous invite serieusement a rester assis des heures durant, combine avec les effets de la selle mongole, autant s’asseoir dans du sel…).
Plus tard, nous rencontrons un nomade tres comprehensifs (normal vu les mimiques et les gestes eloquents de Chris) qui nous propose de nous emmener sur sa vieille moto russe. Easy riders dans un decor a couper le souffle, nous voici a trois, plus les quatres sacs, sur cet ancetre. Memorable !
Autre exemple, le sixieme jour, alors que nos intestins succombent finalement a l’epreuve qu’ils endurent, voici qu’on nous propose gentillement de nous deplacer en charrette a yack. Cramponnes a une litiere faite maison, nous voici aux premieres loges, c’est-a-dire a quelques 40 centimetres - dans les meilleurs moments – du puissant posterieur (le mot est faible) de notre ami le yack. Commence alors un veritable cauchemar, puisque le roulis et les chocs s’ajoutent a cette vue imprenable (dolby stereo surround parfum compris) sur le Yack, qui nous flagelle sans cesse de sa queue pour chasser les nuages de mouches. Apres ca, on a tout vecu !


En trois semaines, nous avons vecu dix milles aventures et il nous faudrait autant de pages pour les raconter. Entre paysages insolites et grandioses, belles rencontres et decouvertes passionantes, la Mongolie et ses habitants nous laissent un souvenir imperissable.

Bayartaaaii a tous,

Marianne et Chris

samedi, juillet 16, 2005

Moscou - Ulaan Baatar: Le voyage en Transsiberien

Sain bain uu!
Depuis 5 jours en Mongolie, nous voici arrives, au gre de nos peregrinations, dans un bled dont la poste est dotee d'un lien internet... Profitons-en pour vous livrer nos impressions transsiberiennes!

- Notre train:
Le nom officiel de notre train est le Rossia, ce qui signifie que, comme dans tous les trains russes (et contrairement aux chinois), il n'y a pas de douche. En realite, il faut choisir: c'est la douche (chez les chinois) ou la vodka (chez les russes), car le nom officieux du Rossia n'est autre que "the Vodka Train". En effet, il n'est pas rare de croiser des soldats russes franchement saouls vers 10 heures du matin dans le wagon restaurant. Les offres de verre de l'amitie ne sont pas
rares et, vu la taille des verres, la franche camaraderie est atteinte
en tres peu de temps. Pour l'anecdote, un couple de Danois a partage
la premiere nuit avec un russe qui ne savait dire que "Cheers" en
anglais. Vous imaginez bien leurs soirees. Le russe avait meme apporte
de la « Mexican Vodka » (de la Tequila, quoi...) pour meubler les
vides.

- Les Provodnitzas (accompagnatrice de train): tout un poeme.
Vetues du meme uniforme strict a epaulettes, elles font de l’ombre a nos fonctionnaires europeens. L’aventure de Chris en temoigne: le premier matin, ignorant que les toilettes sont fermees par les provodnitzas lors des arrets en gare, Chris, innocent, s’en va gaiement se refraichir en ce lieu d’aisance. A peine deux minutes plus tard, nu comme un vers, il est surpris par de violents coups frappes a la porte et par des imprecations russes particulierement expressives. Convaincu de son plein droit, il repond par un “busy” enjoue. C’est alors que la provodnitza, fidele a ses principes, ouvre energiquement la porte. De retour dans son compartiment, a moitie savonne, il lui fallut quelques heures pour s’en remettre.
Depuis lors, nous avons appris a connaitre notre provodnitza, qui s’est averee de plus en plus sympathique. D’ailleurs, a la fin du trajet, elle nous maternait presque, allant jusqu’a remplir nos formulaires de douane et a nous prevenir, en avant-premiere, lorsqu’elle allait fermer les toilettes. C’est ce qui s’appelle “avoir des relations”. Mais a quel prix…

- Le plat pays de Siberie:
Les vastes steppes de Siberie n’ont d’equivalent que le ciel qui les surplombe. Forets de bouleaux, prairies a n’en plus finir, petites datchas (maisons de bois) entourees de leur potager… A longueur de temps et de kilometres. Les trois premiers jours se suivent et se ressemblent jusqu’a l’aube du quatrieme, ou le soleil se leve sur le lac Baikal, qui contient a lui seul un cinquieme des reserves d’eau douce de la planete. Ses eaux sont si pures qu’elles donnent le vertige… Et pas seulement, car, subtilement associees au roulis du train et a une persistante odeur de poisson seche (tres apprecie par les voisins chinois), elles permettent a Marianne de renouer avec la sympathique sensation du mal de mer.
Un tel voyage nous conduit a perdre les notions d’espace et de temps, d’autant plus que nous traversons 6 fuseaux horaires. Une molle torpeur s’empare de nous.

- Un tout petit monde:
A travers les vastes steppes se joue un reel huis-clos. Le temps ne manque pas pour faire connaissance avec nos voisins. Nous rencontrons tout d’abord un couple de Bruxellois (!), avec qui nous sympathisons rapidement, autour d’une boite de…Neuhaus! Furtif moment beni. Nous avons aussi pour compagnons de rail un couple de Londoniens (sous le choc des attentats de Londres), ainsi qu’un couple de Danois. Durant cinq jours, nous nous invitons les uns chez les autres, partageons infos, nourriture, guides et bonnes histoires. Beaucoup de bons moments.

- Le plus long passage de frontiere:
A la douane russe, nous devons sortir du train et commence une longue attente dans un decor digne de Mad Max. Un ciel lourd zebre d’eclairs et un vent chaud souleve la poussiere. Quelques passagers errent le long du quai, un chien passe, une vache passe, etc. Le train est fouille de fond en comble, du plafond des toilettes aux conduits d’aeration. Ca ne rigole pas. L’air conditionne est coupe et le train devient un vrai sauna (pauvres cheris…). Bonne surprise du cote mongol, l’immense sourire des controleurs ! En tout, un peu plus de six heures d’attente, puisque les formalites se cloturent vers une heure du matin.

Epilogue : cinq heures plus tard, l’aube devoile les vertes collines mongoles, parsemees de gers (yourtes) blanches : un enchantement.

Sur cette vision idyllique, nous vous laissons pour un trek de 7 jours dans les montagnes a pied, a cheval et a yack !!??!!

See you soon,

Marianne et Chris

mercredi, juillet 13, 2005

Moscou

Chers amis,
Certains d'entre vous trepignent a l'idee de lire le recit de nos aventures transsiberiennes... Ceux-la devront patienter encore un peu car, avant de rentrer dans le vif du sujet, nous aimerions vous raconter encore deux histoires moscovites.

Le tombeau de Lenine (Place Rouge), une mise en scene exemplaire:
Un soldat nous attend a l’entree du mausolee, impassible, severe meme. D’un geste bref, il nous indique la voie a suivre. Commence alors un etrange parcours dans ce dedale de marbre d’un noir profond, plein, d’autant plus que nous sommes encore aveugles par l’eclatante lumiere estivale. Peu a peu, nos pupilles s’adaptent a l’obscurite, mais ce bref aveuglement suffit a imposer crainte et humilite. Docilement, nous suivons donc les signes imperatifs des soldats postes a chaque croisement. Les circonvolutions nous menent au coeur souterrain du tombeau, dans une grande salle de marbre noir, zebree d’eclairs rouges. En son centre git ce bon vieux Vladimir Illich dans un parallelipipede de verre. Plutot petit, vetu d’un costume sombre, le teint cireux, les mains tres naturellement posees sur le ventre, il pourrait sembler endormi depuis 1924, tant son visage est parfaitement intact. Cependant, tout ici nous rappelle que nous sommes descendus au royaume des morts. L’atmosphere est donc surreelle, lorsque l’on considere ce visage frappe de jeunesse eternelle. La visite rendue a Lenine ne dure pourtant qu’un court instant, car il est interdit de s’arreter au cours de cette promenade funeraire…Serait-ce sous peine de ne plus remonter a la surface, vers le royaume des vivants?

Les chiens aboient, la caravane passe… non sans mal cette fois!:
Souvenez-vous. Aux dernieres nouvelles, nous etions sur le point de prendre le transsiberien. Le soir du 6 juillet donc, nous allons faire nos sacs (de l’expression consacree “Va faire ton sac!”), nous faisons des provisions et nous entamons notre marche vers la gare (a peu pres 2 bornes). Chris se felicite: au moins a pied, nous maitrisons notre timing et rien ne peut nous arreter. Fadaises!! La, il a rate l’occasion de se taire. C’etait sans compter sur une bande de chiens enrages qui, sortant de nulle part, accourent vers nous en montrant leurs crocs. Chris decide de nier l’affaire et passe le premier sans encombre. Marianne, forte de la sagesse populaire (d’ou le titre de cette histoire), continue son chemin d’un pas decide. C’est alors que l’incroyable mais vrai se produit. Un des chiens lui mord le mollet sans autre forme de proces! Sur le coup, ne realisant pas sa douleur (comme dans Jaws sauf qu’ici, heureusement Marianne a encore toute sa jambe ;-) ), elle privilegie l’hypothese de l’egratignure et nous continuons jusqu’a la gare qui est toute proche. Sur place, a pas moins de 3 metres du legendaire transsiberien, nous decouvrons une plaie qui ne permet aucun doute sur l’option a prendre. Nous devons absolument consulter un medecin aussi vite que possible. Au moment ou nous quittons la gare, le transsiberien n’est plus qu’un point a l’horizon. Sans rentrer dans les details, la soiree est longue a l’American Clinic de Moscou, pour soigner la plaie et pour faire les vaccins post-morsure contre la rage (heureusement nous avions les vaccins preventifs). Ensuite, nous sommes merveilleusement accueillis par Tony et Ceri un couple de tres sympathiques Irlandais/Gallois, dont nous avions les coordonnees via Daddy. Mais le lendemain, apres une nuit de repos bien meritee, nous nous rendons compte que notre visa russe expire une petite semaine plus tard... C’est la que, double coup de bol supreme, nous trouvons de justesse des places dans un train qui part le soir meme et traverse la frontiere russo-mongole vers 22:00 le jour d’expiration de notre visa.

Autant vous dire qu’il nous a fallu les 5 jours de train pour nous remettre de ces emotions ! Sur ce, nous vous laissons a vos moutons. Quant a nous, le notre nous attend dans une assiette mongole.

A bientot pour une page sur le transsiberien et notre voyage en Mongolie!

Marianne et Chris

mercredi, juillet 06, 2005

Bruxelles - Moscou

Dobry den a tous,

Ca y est, nous sommes partis, envoles! C'est le moment de vous livrer quelques impressions moscovites, non exhaustives et arbitraires, bien sur, avant d'embarquer pour 5 jours dans le mythique Transsiberien.

Moscou, fascinante ville de contrastes (megapole meme - autant d'habitants que la Belgique), qui nous laisse des etoiles (rouges) dans les yeux:
- contraste entre la grisaille des innombrables HLMs des banlieues et les domes eclatants, or et azur, des eglises et cathedrales orthodoxes.
- contraste entre le monolithismes des gratte-ciels eriges par Staline a la gloire du Regime et la finesse des tours du Kremlin.
- paradoxe des pavillons qui vantaient autrefois les bienfaits du communisme dans un parc digne d’une expo universelle, aujourd’hui envahis par des vendeurs de tous genres qui poussent a une consommation gourmande.
- les BMW serie 7, Audi A8, Porsche Cayenne font rugir leur moteur, alors que les Volga et Lada roulent le capot entrouvert au moyen d’une bouteille en plastique pour eviter la surchauffe.
- l’ancienne et la nouvelle generation se promenent bras dessus bras dessous, comme ces deux femmes apercues dans une rue de la capitale : la matriochka, vetue a la paysanne d’une longue jupe noire, d’un gilet de grosse laine et d’un foulard noue sur les cheveux, accompagne sa fille, une jeune femme en talons aiguilles, jeans moulant et top affriolant tres fashion.

Dans la serie « on ne rigole pas » :
- au prime abord, le moscovite nous a semble fort preoccupe et plutot serieux. Il est cependant possible de le derider : l’experience de Chris le prouve. Une bonne gamelle en a fait rire plus d’un ! Utiliserons-nous a nouveau ce stratageme ?
- depuis que le lonely met en garde les touristes contre l’arnaque policiere sur la place rouge (demande de papiers et amendes improvisees sans motif), il n’y a plus un seul backpacker dans un perimetre de dix metres autour d’eux et nous avons appris a slalomer avec la plus grande vigilance.
- la releve des gardes est un moment impressionnant, qui pourrait aussi etre compare a un cent metres haie au ralenti (sans les haies of course !)

Quelques experiences en vrac :
- le metro : un reel palais sous-terrain, couvert de marbres, rempli de lustres extravagants et de sculptures glorifiant le communisme. Un regal, si ce n’est qu’il est habite par un predateur feroce : l’escalator casse-noisette (rien a voir avec Tchaikovsky : passez trop vite la barriere de contrôle et un casse-noisette vous broyera les cuisses, les genoux et tout le reste…). Nous en fumes plusieurs fois les victimes, traumatises a jamais.
- le train : les marchands ambulants defilent les uns apres les autres pour faire l’eloge de toute sorte de produits : en une heure de trajet, nous en avons recenses une douzaine tels que : les pompes a couvercle pour boite de cornichon, les ballons gonflables qui font du bruit en se degonflant, les sacoches en plastique, les sparadraps, les chaussettes, les glaces, les gratte-dos ( !), les eventails, les fers a cheval en osier ( !!), les rideaux de douche ( !!!), les foulards, mouchoirs, couteaux de cuisine et on en passe…
- la rentabilisation de la place sur les bancs/sieges : en resume, plus on est de fous plus on rit, sauf quand on s’appelle Igor, qu’on pese 200 kilos, un crane chauve avec des cheveux longs sur le cote, un visage impassible, un sourire qui revele deux dernieres dents ayant survecu a la vodka, deux petits yeux quasi brides qui vous scrutent d’un regard percant sous d’enormes sourcils. Dans ce dernier cas, et c’est veridique, on passe une heure de trajet seul sur la banquette.
- le principe de file, quasi inexistant : il est permis de s’infiltrer a n’importe quel endroit dans la file ou de quitter la file pour aller boire un verre et de bien signaler a ses voisins devant et derriere de garder sa place (ca marche evidemment encore mieux quand on s’appelle Igor).

Le quotidien du voyage :
- Premiere dispute : Un matin, Marianne trouve Chris un peu flou. Chris le prend un peu mal, avant de se rendre compte qu’elle n’avait pas ses lunettes sur le nez. Ca a failli deraper !! Bon OK, on vous a dit que c’etait du quotidien… ;-)
- Chris, fascine par les œufs Faberge exposes au Kremlin, se leve un matin avec une grosse envie de boule a zero. La coiffeuse avait l’air de souffrir plus que lui.
- les backpackers, des sacres numeros : rencontre avec un hollandais qui voyage depuis deux ans, il nous fait penser a Brad Pitt dans « 12 monkeys ». Question : le voyage rend-t-il fou ? A suivre…
- Cyrillique – Marianne et Chris : 1 – 0 Clairement, les premiers jours furent interessants en malentendus ou plutot mal-lus. Mais nous avons releve le defi du decodage : des heures et des heures de pur plaisir.
- Peu de Russes parlent l’anglais : nous avons entame nos jeux de mime un peu plus tot que prevu… pour rentrer en contact avec une population qui s'avere drole et chaleureuse.

Avant de cloturer, encore un tout grand merci a tous ceux qui nous ont aides a concretiser ce voyage !

Da svidaniya pour de nouvelles aventures,

Marianne et Chris