dimanche, mars 12, 2006

Tchop tchop tchop pour les Katangs!

Chers amis,

La plupart d’entre vous auront remarqué que nous sommes de retour en Belgique. La joie de retrouver nos familles et amis nous a submergés ces deux dernières semaines, mais il est maintenant temps de poursuivre notre récit du voyage et de le terminer. À commencer par l’une des expériences les plus marquantes de notre périple: le trek au pays des Katangs. Que les fans de brèves nous pardonnent, mais nous désirons partager cette expérience dans toute sa richesse.

À Savannakhet, au sud de Vientiane, nous entreprenons d’aller à la rencontre des Katangs, un peuple animiste vivant dans le parc national de Dong Phu Vien, à l’Est, non loin de la frontière vietnamienne. Le trek, projet d’écotourisme local lancé il y a de cela deux ans, manque aujourd’hui de fonds pour être maintenu a un prix décent pour des backpackers. Peu importe, nous persistons et embauchons deux jeunes professeurs d’anglais locaux, Thip et Moonhang, qui proposent leurs services de guides pour arrondir les fins de mois. Le courant passe tout de suite entre nous.
Les quatre heures de trajet pour nous rendre au point de départ sont épiques: serres les uns contre les autres dans un sawngthaew (pick-up amélioré avec des banquettes), nous voici exposés aux grands vents de la route, qui fouettent notre frêle équipage. Dès que nous nous arrêtons dans un village pour laisser monter ou descendre l'un ou l'autre passager, nous sommes assaillis de toutes parts par diverses brochettes, soit de poulets rôtis – parmi lesquels nous reconnaissons quelques rats écartelés–, soit d'oeufs crus semi coulants, et autres snacks alléchants, tels que de gros concombres pustuleux, pour ceux qui auraient un petit creux en route.
Une étape dans un marché nous permet de faire quelques emplettes avant le trek. Les habitants de ce village ne doivent pas souvent voir des étrangers, car notre présence suscite à la fois curiosité, crainte et enthousiasme. Thip et Moonhang nous font goûter les spécialités locales que nous emporterons avec nous pour ces trois jours: beignets de bananes frites, salade (hot!) de papaye, très prisée au Laos, soupe de pousses de bambous, légumes sautés a l'ail, poulet grille, poulet concassé en salade, salade de "plantes de la forêt" (ici, ne pas se poser trop de questions), banane et, bien sur, l'incontournable riz collant, notre ami le "Sticky Rice"!

Pour atteindre la forêt, il nous faut prendre un autre pick-up, qui soulève des nuages de poussière rouge. Tout à coup, un arbre énorme barre la large piste de tout son long. Il est tombé il y a peu, semble-t-il. Nous tentons de dégager un passage sur le bas-côté, couvert de lourdes lianes inextricablement emmêlées. Notre ardeur se voit quelque peu refroidie à l’idée de la faune grouillante, rampante et hostile qu’elles abritent très probablement. Après une (longue!) quinzaine de minutes de travaux infructueux, le chauffeur décide de tenter le tout pour le tout et nous assistons sans réelle surprise à son empêtrement complet dans les lianes. Néanmoins, notre karma semble être favorable ce jour-là, puisque, assez vite, deux autres véhicules arrivent, bondés de locaux armés de machettes étonnamment tranchantes. Le véhicule est alors dégagé en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire. Nous les remercions en joignant les mains à plusieurs reprises.

Enfin, arrivés au point de départ du sentier qui doit nous mener au village de Ouan Si Keo ce soir, nous rencontrons notre guide local et de son pater. Katangs, ils sont respectivement père et grand-père d’une famille florissante. Le plus jeune connaît le lao, ce qui, par l’intermédiaire de Thip et Moonhang, nous permet de communiquer avec lui et, ensuite, avec les autres Katangs de son village. Les présentations étant faites, il s'agit de déjeuner avant de démarrer la randonnée proprement dite: nous étalons des branchages de larges feuilles vertes sur le sentier pour y répartir nos achats du matin dans de petits sachets en plastique retroussé. Nous nous asseyons tous par terre, autour de cette table improvisée, quand Thip nous propose de nous laver les mains... eh oui, ici on mange avec les doigts... c'est tout un art: il faut faire une petite boulette de sticky rice et la tremper dans les différentes soupes et salades offertes. Contrairement à chez nous, plonger directement les doigts dans les plats est hautement recommandé! C'est l'occasion de se rendre compte que le sticky rice fait les sticky fingers... Enjoy your meal!
Le contact avec nos guides Katangs s’établit très facilement: ils sont curieux, nous posent des tas de questions (sommes-nous mariés, avons-nous des enfants, quel âge avons-nous?) et nous ne nous privons pas non plus pour leur en poser. Chris nous offre même un moment d'anthologie, lorsque, d’un air très professionnel, il demande au guide: "and, What's your job?". Thip est morte de rire, face a cette expression toute moderne, mais elle traduit. La culture du riz (une récolte par an) constitue son occupation principale, mais le reste du temps, il "cherche de la nourriture pour sa famille", c'est-à-dire qu'il pêche et qu'il cueille fruits et herbes dans la forêt. Un « pêcheur cueilleur », en quelque sorte. Les Katangs ne chassent pas, bien que la forêt soit peuplée de "vaches sauvages", de sangliers, de singes et d'ours à collier. Autrefois, se rappelle le grand-père, il y avait même des tigres et des crocodiles.
Nous aimons écouter ce grand-père, si petit et frêle, presque comme un enfant, auquel il nous fait irrésistiblement penser, avec son short de scout, ses courtes jambes, minces comme des allumettes, sa casquette de Gavroche et son éternel sourire de gamin, mi-amusé, mi-émerveillé. Une seule chose trahit son âge: une petite pipe tordue à la Popeye, bourrée de tabac et vissée à ses lèvres minces.

Nous voilà partis, le long d'un sentier de sable blanc qui se perd dans une végétation luxuriante. Vu la proximité de la piste Ho Chi Min, par laquelle les Viets Congs amenaient armes et provisions au sud du Vietnam, Chris demande, par sécurité, s'il y a des UXO (Unexploded Ordonances – bombes inexplosées) dans les parages. – Il faut savoir que le Laos fut l’un des pays les plus bombardés au cours de la guerre du Vietnam, bien que cet aspect de l’Histoire fut longuement occulté. En effet, à l’époque, les Viets Congs niaient tout existence de la piste Ho Chi Min en territoire lao (neutre), alors que les Etats-Unis démentaient tout bombardement de la région. Ce faisant, les deux parties violaient les accords de Genève sans scrupule –. À ce moment-là, le guide se retourne et pointe du doigt trois piquets d'une vingtaine de centimètres fichés dans le sol d’une clairière. Sur l'un d'eux, quelqu'un a noué un ruban turquoise. Effectivement, à quelques mètres de nous, à peine signalée par ces maigres bâtonnets: une bombe. Autour d'elle, ce que nous avions d'abord pris pour une clairière s'avère être une étendue ravagée trente ans plus tôt par les bombardements, le napalm et les pesticides. Aujourd’hui restent une roche noire, comme calcinée, quelques herbes maigrichonnes, bref, une forêt décimée. Le guide ajoute que ces espaces morts sont nombreux dans les environs, car il s’agit des anciens emplacements de campements militaires Viet Cong, cibles privilégiées pour les bombardements américains. Plus loin, voyant que nous sommes intéressés par le sujet, le guide nous emmène un peu à l’écart du chemin pour nous montrer un drôle de champignon, pas plus gros qu'un citron, tout gris avec des taches noires. Cette fois-ci, nous distinguons clairement la bombe, à peine ensevelie. Elle n'a pas explosé, mais pourrait encore le faire: il suffirait d'une forte lumière, un grand soleil et d'un "effet loupe". Gosh. Un peu plus loin un cratère témoigne silencieusement d'une explosion qui, elle, n'a pas attendu. Nous rejoignons la piste sur la pointe des pieds, frissonnants, conscient du danger pour les habitants de ces forêts. Il y a, parait-il, encore aujourd’hui, beaucoup d'accidents dans ces villages.

-Après quelques heures de marche, la présence de rizières annonce que nous approchons du village. Au-delà d'un petit troupeau de vaches blondes, se dressent de belles et solides maisons de bois sur pilotis. Quand nous pénétrons dans le village, sur la piste de latérite, c'est d'abord l'étonnement général, puis les éclats de rires, si beaux, lorsque nous saluons en Katang: " Banjoaan!". Bientôt, tous les villageois accourent pour nous voir. Ils se postent le long de notre chemin, nous échangeons sourires et regards émerveillés. Mémorable... Le chef du village vient nous souhaiter la bienvenue et nous sommes introduits dans une maison où il fait déjà très sombre: c'est que le soir tombe et ils n'ont ni électricité, ni bougies. Chaussures enlevées, assis en tailleur sur des nattes, nous distinguons avec peine une grande pièce, avec trois petits compartiments le long de l'un des murs, ainsi que deux fenêtres et une passerelle qui donne sur le pilotis d'à-côté, qui sert de cuisine.

Avant le dîner, nous nous débarbouillons au puits, aménagé grâce à l'aide d'une ONG canadienne. De retour a la maison, pendant que Thip prépare le repas avec les autres femmes de la maison, Moonhang nous apprend que l'un des murs est sacré: diriger ses pieds dans sa direction serait un véritable manque de respect et nous devons y être attentifs. Pour ce peuple animiste, l'esprit de la maison est particulièrement important et il ne faut en aucun cas l'offenser. L'une des petites chambres lui est d'ailleurs consacrée: c'est la chambre sacrée. Seuls les membres de la famille peuvent y pénétrer et même la belle-fille, qui habite généralement avec son époux chez les parents de celui-ci, ne peut jamais s'y aventurer, sous peine de fâcher l'esprit de la maison. En revanche, elle dispose d'une chambre pour elle toute seule, où elle peut rencontrer son époux avec un peu plus d'intimité.
Au cours de la discussion, les hommes du village se sont rassemblés dans la pièce. Nous discutons de leurs activités, somme toute très proches de celles des Bulangs: leur vie est dominée par la culture du riz, en dehors de quoi, les femmes puisent l'eau, font la cuisine et tissent, tandis que les hommes vont dans la forêt pour trouver de la nourriture et des plantes médicinales. Nous demandons au chef « comment devient-on le chef du village » et celui-ci nous explique que c'est un choix des villageois: il est reconnu comme étant le plus compétant pour assurer la prospérité du village, pour relever ses défis économiques et pour procurer de bons conseils de santé ou de "longue vie". Si jamais il fait mal son boulot, les villageois choisissent un autre chef...
Le repas arrive. C'est le seul moment où nous verrons les femmes: elles apportent une série de petits bols fumants, qu'elles déposent en enfilade sur le sol. Nous tentons d'en distinguer les contenus, mais peines perdues: il fait trop sombre avec, pour seul éclairage, un bambou farci de résidus enduits d'huile artisanale. Heureusement, Thip nous vient en aide et désigne le contenu de chaque bol: de la soupe aux os de poulet, du poulet haché, des concombres, des racines aux formes étranges, des légumes sautés et... des vers à soie bouillis (que Marianne a d'abord pris pour des noix – ce qui aurait d’ailleurs facilité la mise en bouche!)... Le tout accompagné de sauce chili et de sticky rice. Tout le monde plonge allègrement les doigts dans les différents plats et nous sommes vivement invités à goûter les vers à soie, une délicatesse locale... qui s'avère d'abord croquante, puis juteuse-gluante et acide comme du citron. Pas terrible... En revanche, les racines ont un sympathique petit goût de marron!
Une foule incroyable s'est attablée autour de ce repas: les quatorze personnes qui vivent dans cette maison, plus tous ceux qui observent nos moindres faits et gestes depuis le fond de la pièce ou le seuil de la porte. Nous distinguons à peine leurs visages... Intimidant.

Après le dîner, les conversations se poursuivent, jusqu'à ce que l'on annonce la cérémonie du Baasii, pratiquée par les Katangs lors de chaque moment important, comme un mariage, un décès, un départ en voyage ou la venue d'étrangers, car les notions d'hôte et d'accueil sont très importantes pour ce peuple. Quelqu'un apporte un plateau, sur lequel reposent une assiette de riz non cuit, une assiette avec un poulet entier bouilli, ainsi qu’un pot en osier contenant des fils de coton. Une bouteille de lao-lao, le baiju (tord-boyaux) local, accompagne le tout. La cérémonie peut commencer.
Tous les hommes autour de nous saisissent le plateau et nous invitent à faire de même, pendant que le plus vieil homme du village le soulève par trois fois en psalmodiant des formules protectrices de bonne chance et de longue vie. Ensuite, chacun à notre tour (Marianne, Chris, Thip et Moonhang, c’est-à-dire les étrangers), nous devons d’une main soutenir l'assiette offerte à bras tendus par les Katangs, accompagnée d’un gobelet de lao-lao. Entretemps, le vieil homme nous noue quelques fils de coton autour du poignet, en chantonnant des paroles sacrées, invitant le mal à nous quitter et le bien à venir en nous (presque un exorcisme! Assez impressionnant...). Il faut alors vider le gobelet de lao-lao d'un coup sec, avant que les membres de l'assemblée ne reprennent le même mouvement et ne nous nouent d'autres fils de cotons autour des poignets en appelant sur nous la protection des esprits de la forêt, afin que nous ayons un bon voyage. Pendant ce temps, le gobelet circule. Enfin, l'ancêtre nous demande de tendre les mains et les asperge de gouttes de lao-lao, toujours accompagnées de formules de son cru. Le poulet et le riz sont aspergés à leur tour: c'est le moment de désosser le poulet et de partager les morceaux tous ensemble. Dans les ossements, l'un d'eux lit que notre voyage se poursuivra sans encombre et que nous rentrerons sains et saufs. Quel soulagement! Avec ces bracelets, nous disent-ils, nous serons protégés par les esprits et pourrons toujours compter sur les Katangs, où que nous soyons.

Deux instruments de musique font alors leur apparition: l'un à deux cordes, l'autre comme une longue flûte de Pan. Le chanteur attitré du village, une sorte de barde, commence alors à frapper dans les mains et à chanter. Peu à peu, nous réalisons – grâce au chef qui traduit en lao –, qu'il est en train d'improviser son chant. Il relate notre arrivée et le plaisir que nous avons à être ensemble. Ils nous offrent la chanson en signe d'amitié et, sur leur demande, nous chantons à notre tour le Cantique des patrouilles, pour chanter la beauté de la terre et l'hospitalité des Katangs... Quelle soirée mémorable.

Il est temps d’aller dormir et, comme la coutume katang le veut pour les étrangers, nous nous séparons. Marianne suit Thip en direction de la maison d’à côté et Chris s’installe sous la moustiquaire près de Moonhang.

Le lendemain matin, plus que le piaillement des poussins, c'est le martèlement sourd du pilon sur le riz qui nous réveille en sursaut vers 4 heures: un rapide coup d'oeil dehors nous confirme que la vie quotidienne du village bat déjà son plein alors qu’il fait encore sombre!
Profitant de la fraîcheur matinale, nous partons pour la forêt sacrée, guidés par l'un des habitants du village, afin de surprendre quelques langurs (grands singes élancés, aux longs bras) au moment de leur collation matinale.

Au fur et à mesure que nous nous éloignons du village et que nous pénétrons dans la forêt, celle-ci se fait plus dense. Bientôt, le maigre sentier disparaît et nous devons nous frayer un chemin entre les arbres, les lianes, les ronces et les buissons, formant un sous-bois qui ne mérite déjà plus ce nom tant, du sol aux cimes, ce n'est qu'un enchevêtrement continu de végétation.
En cours de route, notre guide, qui progresse d'un pas léger (contrairement à nous, qui nous nous empêtrons à chaque enjambée!), en petites sandales, s'arrête à plusieurs reprises aux pieds d’arbres gigantesques (dits « diptérocarpes », pour les inités) , dont les singes semblent apprécier les fruits. Malheureusement, depuis la veille, un vent violent souffle sur le village et la forêt, secouant les hautes cimes sans ménagement et, avec elles, toute leur population. Peu a peu, nos espoirs s'amenuisent: il semble que les singes ne daignent pas se montrer aujourd'hui, préférant se protéger du vent.
Soudain, le guide s'arrête net et recule. Nous le rejoignons rapidement, poussés par l'inquiétude et la curiosité, pour apercevoir, lové dans des branchages à hauteur de mollet, un serpent tout mince, vert comme de l'herbe tendre. Il ne semble pas s'émouvoir de notre présence. Peut-être est-il encore tout engourdi par la fraîcheur de la nuit. Nous apercevons distinctement sa petite tête triangulaire aux mâchoires proéminentes et demandons au guide s'il est dangereux. La réponse est sans équivoque: "OK. Dangerous". Gulp. Le sang de Marianne se glace instantanément. Plus tard, le chef du village nous expliquera que la victime du "tree snake" ne meurt pas, mais que le membre mordu gonfle terriblement et que tout le corps tombe atrocement malade, comme paralysé. Entre-temps, le guide s'est muni d'un petit bâton pour déloger ce reptile qui entrave le passage. Lentement, celui-ci s'ébranle enfin, pour se fondre dans la végétation. Nous réalisons crûment notre vulnérabilité dans un tel environnement.... et repartons, scrutant plus que jamais le moindre branchage. Plutôt stressant, comme ballade matinale (sans compter les UXO!).
Enfin, nos efforts sont récompensés: la cime des arbres s'agite, quelques feuilles pleuvent et un grand singe noir, gris et rouge se jette d'une branche à l'autre. Il s’agit d’un douc langur, une espère rare! Cette vision furtive nous redonne espoir et nous nous rapprochons de ces arbres pour observer ces superbes animaux d'un peu plus près. Nous entendons les feuillages bruisser, voyons les branches ployer sous leur poids, mais ils refusent de se montrer et nous ne pouvons que deviner leur présence. Soudain, un singe plus petit fait son apparition: il arbore un pelage blanc et argenté, ainsi que de petites oreilles touffues. Cette fois, nous admirons un langur argenté... Il nous offre le loisir de l'observer quelques instants, avant de s'élancer à nouveau dans les feuillages, de ses longs membres agiles.

En quittant le coeur de la forêt, nous passons par un endroit plus dégagé, où il est à nouveau possible de circuler plus librement entre les arbres. C'est alors que le guide nous montre des poteaux de bois sculptés, plantés a la verticale dans le sol. Ces sortes de totems, hauts comme un homme, marquent l'emplacement d'un cimetière un peu particulier.
En fait, nous explique le guide, les Katangs n'enterrent pas leurs défunts à cet endroit, mais dans la forêt sacrée, à deux pas de là. Peut-être tous les vingt ou trente ans, lorsqu'une famille a vécu plusieurs décès, elle décide d’honorer ses morts. À cette occasion, le beau-fils de la famille - et lui seul - sculpte un totem, ainsi qu’un beau coffre en bois. Toute la famille célèbre alors les défunts en sacrifiant un buffle et tout le village est convié pour un grand festin, ou le lao-lao coule à flots. Ensuite, ils prélèvent un peu de terre à chaque endroit un où un corps fut inhumé au cours des années précédentes. Les différents petits paquets de terre sont rassemblés dans un linge de coton blanc et déposés dans le coffre fraîchement sculpté. Enfin, le coffre est enterré à la lisière de la forêt sacrée et la famille plante un totem pour signaler son emplacement et son appartenance au village Katang. Les inscriptions qui y sont gravées mentionnent la famille et le moment de la célébration. Dans vingt ou trente ans, une nouvelle offrande aura lieu...

De retour au village, nous faisons un dernier petit tour pour dire au revoir à tout le monde, avant de reprendre la route – accompagnés de deux nouveaux guides Katangs. Chacun vaque à ses activités depuis plusieurs heures, déjà. Une femme tamise son riz, en le faisant sauter dans un grand plateau en osier, une autre tisse un sarong sur un grand métier en bois sculpté. Ailleurs, une autre encore file la soie d'une série de vers arrivés à maturité et bouillis dans une grande marmite. Certains sont blancs, d'autres jaunes et cette dernière couleur prédomine dans les fils. Les outils sont rudimentaires, mais le résultat remarquable.
Dans une maison, un tout jeune enfant est tombé sérieusement malade. Il est allongé par terre, enroulé dans une couverture. Il doit avoir à peine un an. Sa famille et le chamane se sont réunis autour de lui pour parler aux esprits et tenter de savoir lequel d'entre eux "a fait ça", avant de le prier de sauver l'enfant. Les Katangs n'utilisent pratiquement aucune médecine médicamenteuse: toute guérison passe par l’administration de quelques herbes et par un dialogue avec les esprits, sous forme de chant lancinant. Nous croisons les doigts pour l'enfant... le coeur serré. Le taux de mortalité infantile est plutôt élevé dans la région.
En quittant le village, nous croisons une belle école primaire, construite en dur grâce à des fonds étrangers, où les enfants s'appliquent sur leurs ardoises, avant de lever le nez et d'ouvrir des yeux incrédules au passage des "falangs" (les étrangers blancs) que nous sommes.

Au cours de cette seconde journée de rando, il nous faut traverser plusieurs rivières à gué. Avec nos grosses bottines et nos longs lacets, nous ralentissons la petite troupe aux sandales légères, qui nous regarde d'un air amusé faire “les Anglais à la plage”, chaussures à la main et pantalons retroussés sur nos beaux mollets blancs!

En chemin, le guide nous révèle quelques secrets et bienfaits de la forêt pour les Katangs. Ainsi, telle plante aide à cautériser une plaie ouverte et telle autre doit être bue en infusion par la jeune accouchée. Certaines plantes apaisent la nausée, alors que ce petit fruit vert, rond et translucide recèle, sous sa peau, une glu très efficace pour attraper les insectes (eh oui, nous n’avons pas inventé les colle-mouches!). En cas de soif, le voyageur peut même trancher une liane qui contient une eau douce et pure (pas mauvaise, d'ailleurs). Enfin, les Katangs creusent un trou à même le tronc des diptérocarpes, pour en extraire de l'huile, à l'aide d'un feu maîtrisé. Enduite sur un bâton ou fourrée dans un bambou, cette huile brûle longtemps créant ainsi une torche bien utile (comme nous avons pu le constater la veille) pour ce peuple qui ne dispose pas de l'électricité.

Nous arrivons près d'une grotte où, explique notre guide, repose le corps d'un géant haut comme huit hommes! Le cercueil est inaccessible et nous devons le croire sur parole, avant de nous éloigner sur la point des pieds, au cas où le monstre ne serait qu'endormi...

Nous profitons de la pause de midi, du riz collant plein les doigts, pour papoter avec nos guides et leur demander comment se déroulent les mariages Katangs. En fait, les jeunes Katangs peuvent se marier dès l'âge de dix ans, âge approximatif, puisqu'ils ne fêtent pas les anniversaires. L'un des guides, par exemple, est incapable de dire son âge. Le jeune homme et sa famille doivent offrir une somme d'argent, aux parents de la jeune fille, au cours d'une cérémonie de Baasii. À cette occasion, ils revêtent les "costumes" ancestraux, qui se résument à de magnifiques décorations pectorales sur un corps relativement nu, pour l'homme, ainsi qu’à un beau sarong de soie, pour la femme. Enfin, au terme de la célébration et du festin inévitable, le jeune homme emmène son épouse chez ses parents, où ils habiteront jusqu'à ce qu’il n'y ait plus de place dans la maison et qu'il leur faille déménager pour laisser la place aux nouveaux couples. Comme dans le cas de l’élection du chef, nous apprécions la relative démocratie qui permet aux époux de se choisir en toute liberté (relative, car, au vu du statut des femmes, on parlerait plus volontiers de “machocratie” que de démocratie).

L'après-midi, sur le bord du chemin, nous croisons à nouveau un énorme cratère, trace des bombardements ravageurs qui eurent lieu dans le coin. Plus loin, un petit obus en forme d’ogive, avec ses quatre petits ailerons, intact, gît entre les rochers. Rien que l'année passée, dans le village de Ngang où nous dormirons ce soir, trois personnes sont décédées à cause de ces engins de morts laissés à l'abandon. Quelle tristesse! Quelle honte!

Arrivés aux pieds d'un rocher étrange, ressemblant à un rhinocéros, le guide nous fait asseoir pour écouter cette légende katang :
Il y a de cela très longtemps, le pays était habité par des gens très grands, qui avaient dénormes pouvoirs. Les Katangs ne savent pas qui ils étaient, mais pensent qu'ils étaient comme des dieux. Un jour, ils organisèrent une grande célébration en l'honneur du mariage de la fille de l'un d'eux. Pour fêter dignement cet événement, le père de la mariée décida d'inviter aussi les animaux au banquet. Le serpent et le rhinocéros, sachant que l'on y servirait des graines de sésame (!) et parce qu'ils adoraient ça, se mirent en route sans plus tarder. Or, au cours de leur voyage, des chasseurs les abattirent en plein vol (eh oui, en ce temps mythique, les serpents et les rhinocéros volaient avec grâce et aisance!). Le rhino s'écrasa à cet endroit, où l'on peut encore le voir pétrifié aujourd'hui.

En fin de journée, nous arrivons au village de Ngang. Dans la lumière de la fin du jour, l'atmosphère tranquille de cet endroit nous apparaît dans toute sa beauté, toute sa douceur. Ici une jeune fille pilonne le riz, mais pas trop vite, là une femme berce un enfant. Plus loin, une autre se lave les cheveux, enroulée dans son sarong trempé. Des odeurs suaves de poulet à la broche nous apprennent que les préparatifs de repas vont bon train à l'intérieur des maisons sur pilotis. Des enfants jouent dans la poussière rouge. Un visage s'encadre dans une petite fenêtre pour nous regarder passer. Sourires. Lorsque nous saluons les femmes et les hommes d'un ton enjoué: "Banjoaan!", ils éclatent de rire, comme la veille, en simple manifestation de joie. Les enfants, eux, craintifs, se réfugient chez leurs mères, les visages enfouis dans leurs sarongs brodés.
Le chef du village, un homme d'une quarantaine d'années, vient à notre rencontre, les bras ouverts. Il sert nos mains dans les siennes pour nous saluer, avant de nous mener à la maison où nous passerons la soirée (et la nuit, en ce qui concerne les hommes). C'est l'habitation d'un célibataire endurci, qui semble y vivre avec sa mère et sa soeur, elle aussi non mariée. Cet homme jouit d'un certain confort (tout est relatif, bien sûr!), car, depuis un an, il profite de l'électricité grâce à un panneau solaire. Ici aussi, la maison se remplit vite des curieux accourus des quatre coins du village. Cette fois, les enfants sont à l'honneur. La moitié de la pièce est remplie de gamins de 3 à 12 ans, assis ou accroupis, dans les bras les uns des autres ou debout à l'arrière: tous nous observent de leurs grands yeux émerveillés. À nouveau, les femmes sont totalement absentes. Assis en cercle avec nous, voici le chef du village, le maître des lieux, Moonhang qui joue les interprètes et le plus vieil homme du village, jovial et volubile. D'autres hommes les entourent et quelques jeunes se tiennent dans l'encadrement de la porte. Après les présentations et les questions habituelles, nous nous tournons vers les enfants pour briser plus sûrement la glace: nous leur demandons d'approcher et leurs aînés les encouragent en riant; c'est le moment de leur chanter "dans ma maison un grand cerf", avec les gestes et tout et tout. Thip leur traduit même les paroles de la chanson et les voilà ravis! "Tchop tchop tchop!", s'exclament-ils, en guise d'applaudissements. Deux petites filles s'avancent alors pour nous chanter l'hymne du Laos, appris à l'école, ainsi que d'autres chansons rapportant l'importance de l'hygiène ou les difficultés rencontrées par le professeur pour atteindre le village et son opiniâtreté car: "l'éducation c'est important!". Nous renchérissons donc avec "Aaaa-ram-sam-sam" et tant d'autres... Jamais ce procédé n'a aussi bien marché: les enfants rient, en redemandent et les adultes ont l'air de s'amuser tout autant. Bientôt, la conversation s'engage vraiment et nous sommes ravis par leur curiosité (que nous leur rendons bien!). Ainsi, ils veulent savoir quel est le climat en Belgique, frissonnent à notre réponse, demandent ce que l'on y cultive, si on y trouve des buffles d’eau, comment y vit-on, comment se déroulent un mariage, un enterrement, comment nous nous répartissons l'éducation des enfants, les tâches de travail, combien d'enfants nous avons et pourquoi si peu... De notre côté, nous apprenons qu'ils ont une bonne dizaine d'enfants par couple, car ils n'utilisent pas de moyens de contraception: dans leur esprit, tout dépend de la santé de la femme. En revanche, tant les hommes que les femmes s’impliquent dans l'éducation des enfants, qu’ils emmènent "sur leur lieu de travail", c'est-à-dire aux champs, qu’ils cultivent avec les petits accrochés sur leurs dos. Quand ils grandissent, les enfants vont à l'école primaire du village, puis, les plus chanceux iront à l’école secondaire, dans une bourgade atteignable grâce à une nouvelle piste. Le chef du village, quant à lui, est réélu tous les deux ou trois ans et ce sans limite, tant qu'il reste un bon chef. Chris s'intéresse aux "challenges" d'une telle responsabilité et le chef lui répond qu'il s'agit principalement de maximiser le bien-être de la communauté par la gestion des investissements et les revenus du village. Par exemple, il collecte l'argent généré par la venue des étrangers et il utilise ces revenus pour acheter des porcs, des poulets ou des buffles pour les villageois.

Peu a peu, l'enfilade de petits bols fumants s'organise, comme la veille, et tous se rassemblent pour le repas. Il y a à nouveau un monde fou. Selon l'habitude, nous mangeons assis par terre, avec les doigts. Oeufs, riz collant, concombres. Tout un festin.

Après le repas, arrivent encore d'autres villageois, car la fête se prépare : le "barde" local s'assied au milieu du cercle et l'on sort les deux instruments de musique vus la veille. Le plus vieil homme du village s'assied aux côtés du chanteur. Il rayonne de joie et nous dit être si heureux de notre présence! Ce soir-là, nous vivons des moments précieux, où les chansons s'improvisent sur des airs anciens, où les rires fusent, où l'on frappe joyeusement dans les mains (après avoir demandé la permission à l'esprit de la maison, bien sûr), où les Katangs dansent lorsque nous chantons pour eux. Leur enthousiasme et leur amitié nous vont droit au coeur. Si nous ne nous comprenons pas, nos regards communiquent, nos sourires disent notre gratitude et nos éclats de rire clament haut le bonheur d'être là, tous ensemble. Nous ressentons là une communion exceptionnelle.
Avec les Katangs, nous atteignons un niveau de communication, d'échange, et de découverte mutuelle dont, jusqu'alors, nous n'avions que rêvé. Une expérience de paix, de rencontre, une expérience humaine réellement émouvante. À cet instant, nous réalisons que nous avons trouvé ce que nous cherchions dans ce voyage : la possibilité d'établir un lien intense avec des gens si différents, si lointains de nous et de notre mode de vie.
Avant d’aller dormir, nous fredonnons la chanson improvisée sur un air katang au cours de la soirée:

Au-au Pays des Ka-ta-ang,
Chris et Marianne sont arrivééés...

Au-au Pays des Ka-ta-ang,
Chris et Marianne sont accueuilliiis...
Avec humour et modestiiie,

Au-au Pays des Ka-ta-ang,
Chris et Marianne se sentent chez eux...
Et pour qu'ils restent il faudrait peu...

Le lendemain, nous nous réveillons avec les poules, bien sûr : c'est l'occasion de se balader une dernière fois dans le village avant de reprendre la route.
Dans la maison de notre hôte, la grand-mère relève l'étamine blanche qui recouvre le grand plat rond en osier où grouillent des centaines de gros vers à soie : il est temps de les nourrir. Comme trois fois par jour, elle les recouvre de feuilles de mûrier récoltées dans la forêt. En deux mois à peine, ces voraces sont déjà devenus énormes.
Dehors, un homme construit un abris pour ses poulets. Un tout petit garçon, qui a peut-être quatre ans, mâchonne du riz, qu'il recrache ensuite sur une planche en bois, afin de nourrir deux chiots qui se jettent goulûment sur cette pâte prémâchée. Attendrissant. Plus loin, une vieille carcasse d'obus, coupée en deux, fait maintenant office de bac à fleurs.
Avant de partir, nous sommes invités dans la maison du chanteur public: il a un nouveau tracteur (sorte de petit moteur sur deux roues) qui doit être fêté et protégé par un Baasii. Il est six heures du matin et les hommes du village sont déjà là-haut, où l'on apporte le riz, le poulet bouilli, les fils de coton et quantité de lao-lao dans de vieilles bouteilles de Pepsi. On se salue, on se prend les mains, on se rappelle la soirée de la veille, à grandes tapes dans le dos! Avant que la cérémonie proprement dite ne commence, Moonhang nous annonce que, cette nuit, le chanteur est devenu papa pour la sixième fois. Nous le félicitons - bien qu'il ne semble pas plus ému que cela – et allons voir le bébé, couché dans le piloti-cuisine, à côté de sa mère; soigneusement emmitouflé dans une couverture dont seul dépasse son petit minois, il fait des bulles. La mère, elle, est déjà assise auprès du feu, comme si de rien n'était. Dans cette maison, nous rencontrons aussi Yuko, une anthropologue Japonaise qui vit dans ce village depuis quatre mois. Grande et mince, elle ne se fond pas vraiment dans le décor, avec sa peau très blanche et ses douces manières, mais les Katangs semblent l’avoir adoptée. Elle nous confie qu’il n’est pas facile tous les jours de vivre dans de telles conditions d’hygiène et d’intimité. Yuko explique en outre que les femmes katang n'ont pas le droit d'accoucher dans les maisons. Le moment venu, elles sortent donc pour mettre au monde en pleine nature, le plus souvent en pleine forêt. Hier soir, Yuko a vu celle-ci s'éloigner du village pour trouver un endroit propice. Respect... Nous quittons bientôt l'accouchée en lui souhaitant bonne santé et longue vie pour son enfant, sa première fille.
Le Baasii pour le tracteur commence. Entre nous, nous sommes étonnés de ce que les Katangs fassent une célébration pour un nouveau tracteur et pas pour un nouveau-né. La rudesse des conditions de vie et le haut taux de mortalité expliquent-ils cela? Ou bien serait-ce lié à la totale nouveauté du tracteur pour ce village? Le Baasii est l'occasion de boire ce lao-lao ultra-fort et certains sont déjà fort embrumés. Ce tord-boyaux nous brûle l'estomac avant même le petit-déjeuner. La cérémonie ressemble à notre premier Baasii, dans les grandes lignes. À nouveau, ils nous impliquent et nous souhaitent longue vie, bon voyage, alors que le plus vieux d'entre eux demande aux esprits de nous protéger dans notre périple. Après la cérémonie, avec un autre vieil homme, ils essayent tous les deux nos lunettes, fascinés, excités comme des puces, lorsqu'ils découvrent qu'elles leur permettent de voir à nouveau comme au temps de leur jeunesse.
Le plus vieux nous a pris d'amitié... Avant, nous confie-t-il, il avait peur des falangs, qui venaient pour faire la guerre. Maintenant, ajoute-t-il, quand il nous voit, il n'a plus peur. Il nous dit à plusieurs reprises à quel point il est heureux que nous soyons là.
Un autre encore nous invite chez lui pour partager lao-lao et poulet bouilli... Bonjour la migraine! Mais nous ne regrettons pour rien au monde. La confiance et l'amitié de ces gens sont extraordinaires.
Il faut bien repartir... mais ce village et ses habitants nous ont offert bien plus que le gîte et le couvert. Un peu de nous restera là-bas.

Après une heure de marche environ, le guide - qui, cette fois, est le chef du village en personne - s'arrête dans une verte clairière, un ancien champ en friche. Maintenant, les Katangs n'y cultivent plus, car l'endroit est sacré. Pourtant, il n'en fut pas toujours ainsi. Il y a longtemps, deux hommes travaillaient dans ce champ. En labourant, l'un d'eux déterra une jarre pleine d'argent. Voulant garder ce trésor pour lui tout seul, il le recouvrit de sa chemise. Sur le chemin du retour au village, il prétexta avoir oublié sa chemise pour retourner seul au champ. Là, surprise: la jarre avait disparu, enfoncée dans le sol. Depuis, tous ceux qui tentèrent de récupérer ce trésor enfoui furent punis: l'un devint fou et croyait nager dans le vent; d'autres rencontrèrent des serpents ou attrapèrent de mystérieuses maladies... les Katangs sont convaincus qu'un esprit garde jalousement ce trésor et, sagement, préfèrent ne plus cultiver cet endroit. De multiples légendes nous sont contées par le chef, ce jour-là.

Après avoir encore longé de vieilles tranchées Viet Cong reconquises par la jungle, nous arrivons sur les rives de sable fin de la magnifique rivière Xe Bang Hiang, large, imposante et d’un vert profond comme la luxuriante végétation qui la borde. Nous essayons de ne pas penser aux alligators et embarquons sur une frêle pirogue, vers la fin de notre périple.

À la fin des quatre heures de retour en sawngthaew, ce n’est pas la poussière qui fait briller les yeux de Thip et nous ne pouvons nous séparer sans émotion.

Comme vous avez pu lire, ce trek chez les Katangs nous a marqués ! Quelle expérience humaine intense, quel partage…
Pour les Katangs, tous en cœur : « Tchop tchop tchop !! »

À très bientôt pour les aventures cambodgiennes,

Marianne et Chris