mercredi, avril 05, 2006

Tramping in New Zealand

Kia Ora !

Au bout de sept mois de nomadisme en Asie, nous nous offrons un saut de puce vers la Nouvelle-Zélande, pour nous retrouver littéralement à l’autre bout du monde. En guise de cerise sur le gâteau, la Nouvelle-Zélande ne cadre pas a priori avec le reste de nos aventures. Cependant, elle nous permet d’entamer une transition progressive vers le monde occidental, tout en continuant à voyager, à poursuivre notre bout de chemin. C’est aussi l’occasion de rester proches de la nature et de ses merveilles.
Lors de notre arrivée à Auckland, nous devons faire face à un choc culturel (et financier): nous voici (à nouveau) anonymes, dans un univers où chacun court après le temps et ses occupations. Les rues sont vides, propres et dégagées, peu de gens s’arrêtent pour humer l’air sur le pas de leur porte ou tailler une bavette avec leur voisin. Un monde connu, dont nous avions pourtant perdu les habitudes. Il nous faut recalibrer et renouer avec toutes les caractéristiques des pays modernes, dont certaines ne sont pas pour nous déplaire: la liberté d’action et d’horaire qu’offre une voiture, l’écoute d’un bon CD, les supermarchés ou une hygiène confortable. Et heureusement, le camping nous permet de jouer encore un peu les Robinsons et de prolonger le contact avec la nature, ce que nous apprécions tellement durant ce voyage.
Nous partons à la découverte de ces stupéfiantes îles néo-zélandaises, qui s’avèrent à la fois étranges et familières. En effet, nous y reconnaissons des paysages qui pourraient figurer en Ecosse, telles les vertes collines parsemées de moutons, en Norvège, comme les profonds Fjords de l’île du sud, en Islande lorsque nous admirons geysers et volcans, dans les Alpes françaises au moment de grimper sur les glaciers ou encore en Californie ou en Afrique du sud le long des côtes déchiquetées par l’Océan. Pourtant, malgré cet air de “déjà-vu”, la Nouvelle-Zélande est manifestement différente, inconnue, avec une végétation pour nous totalement mystérieuse, où les fougères atteignent la taille des arbres, un peu comme dans nos représentations de l’époque du Crétacé, au temps des dinosaures . La faune, elle aussi, nous surprend. Les oiseaux, surtout, sont omniprésents: absolument pas farouches, ils se perchent sur les branches qui frôlent nos visages ou nous suivent le long des chemins forestiers. Ils portent des noms inouïs (d’origine maorie, tout comme “Weka, Kea, Kiwi, Pukeko”...), et produisent des sons fascinants. Nous profitons aussi de notre présence en Nouvelle-Zélande pour observer des animaux d’un autre calibre, comme les lions de mers, qui paressent sur les plages désertes; les très rares dauphins Hector jouant dans les vagues de Curio Bay; les “yellow-eyed penguins” et les “crested penguins”, qui sortent de l’eau en se dandinant pour nourrir leurs petits au crépuscule; ainsi que, last but not least, les merveilleux albatros d’Otago, planant de leur trois mètres d’envergure, royaux.
Paradis naturel, la Nouvelle-Zélande est aussi l’Eden du trekker, ou du “tramper”, comme on l’appelle ici... Pas étonnant, dès lors, que nos bottines nous démangent et que nous nous en donnions à coeur joie!!
Voici donc, en vrac, quelques anecdotes choisies tout à fait au hasard, bien sûr...

28 ans au pays de Morrrdorr...

La veille du 20 janvier, nous plantons la tente à la limite du parc national du Tongariro, dans un petit coin tranquille où l’herbe est verte et tendre. Avant de s’endormir, Marianne fait un noeud dans son mouchoir et se lobotomise une dernière fois pour ne pas oublier l’anniversaire de Chris le lendemain... Ouf! Sa première pensée au réveil est pour son bien-aimé et voici qu’elle entonne, de sa plus belle voix de reinette ensommeillée, un touchant “happy birthday”, non pas a capella, mais a tenta. Voici Chris irrémédiablement réveillé, les cheveux dressés sur la tête, et prêt à entamer une journée taillée sur mesure: pleine de défis!
Au programme, une randonnée dans le parc national du Tongariro – où fut filmé le Mordor du “Lord of the Rings” –, une petite merveille d’activité volcanique, où l’on peut à loisir crapahuter sur de tortueuses coulées de lave noire, escalader de vieux cailloux rétifs, longer les crêtes d’énormes cratères, gueules béantes, inhaler les fumerolles blanches et admirer les lacs vert émeraude, bordés de soufre. Après deux heures de marche, se présente le premier challenge: une petite ascension du mont Ngauruhoe – ou Mt Doom, pour les fans de l’Anneau – , qui se présente comme un volcan parfait: conique, tout noir, aux flancs redoutablement escarpés... Chris se frotte les mains, pendant que Marianne évalue ses maigres chances d’arriver en haut. S’en suivent deux heures d’escalade, des pieds et des mains dans les sables fuyants, à s’agripper à la crête rocheuse indiquant la voie à suivre au travers du nuage glacial qui, tout à coup, nous enveloppe à mi-chemin. Les doigts déchiquetés par la roche, frigorifiés jusqu’à l’insensibilité, les nerfs mis à vif par les éboulis provoqués par les autres grimpeurs, nos deux aventuriers arriveront-ils au sommet? L’épreuve est à la mesure de notre fierté, quelque peu incrédule, lorsque, complètement moulus, nous plongeons enfin nos regards dans l’impressionnant cratère, qui se dévoile un instant entre deux nuages de brume. Deuxième gageure: descendre! Et ne surtout pas regarder vers le bas. Nous voici partis tout shuss, glissant dans les poussières volcaniques comme des skieurs alpins, nous retenant aux rochers de temps à autre... Séquence: concentration! Une fois en bas, les jambes flageolantes, nous contemplons notre exploit sans pouvoir y croire, ce volcan qui nous semble toujours aussi imprenable, invincible.
Il est à peine midi et le Tongariro a encore beaucoup de tribulations à offrir. Nous reprenons donc notre chemin, pour arpenter cet étonnant paysage. Le “Red Crater” nous ensorcelle par sa couleur ferrugineuse et ses fumerolles qui jaillissent sous nos pieds, lui donnant des airs de porte de l’Enfer. L’endroit est aride, rare, dantesque. En contrebas, s’étendent les “Emerald Lakes”, tels trois larmes d’émeraudes aux pieds du cratère rouge géhenne.
Bientôt, les paysages lunaires cèdent la place aux longues herbes jaunes et folles qui poussent sur les flancs d’anciens volcans. De là-haut, une vue époustouflante expose montagnes, lacs et forêts. Peu à peu, il faut rejoindre la vallée et le sentier plonge dans une épaisse futaie aux essences inconnues, habitée par des milliers d’oiseaux invisibles, dont les chants charment nos oreilles.
La journée fut longue et nos gambettes, heureuses, crient grâce. Il est temps de fêter Chris dans les formes gastronomiques et de dénicher cet Italien qui mitonne un terrible « Cervo al porto », accompagné d’un excellent petit vin néo-zélandais...

Premiers de cordée

Aujourd’hui est un grand jour: nous avons rendez-vous avec le “Fox Glacier”! Excités comme des puces, nous nous levons bien avant l’heure pour nous rendre au QG des guides alpins, où nous sommes d’abord priés d’enfiler d’épais godillots de cuir rongés par la glace. Ainsi parés, pantalons dans les chaussettes, un collier de crampons autour du cou, nous avons déjà fière allure! Après un briefing de sécurité dans le bus, nous débarquons aux pieds du glacier qui, monstrueux, souverain, nous domine d’emblée. Pour atteindre ses contreforts, il nous faut d’abord traverser l’épaisse “rain forest”qui l’entoure. Arrivés au bord du glacier, nous chaussons enfin nos crampons pour avancer quelques pas et nous familiariser avec cette technique de marche un peu particulière. Mieux vaut la maîtriser, car nos crampons sont nos meilleurs amis et notre seule sécurité, une fois sur le dos de ce géant de glace. L’aventure commence: notre guide, Nathalie, dégage une voie et creuse quelques marches sommaires à grands coups de piolet, qu’elle mouline avec une aisance qui nous laisse tous bouche bée. La glace vole en miette et nous nous frayons progressivement un chemin. Les marches creusées par Nathalie s’avèrent plus qu’utiles, car le Fox ressemble à une mer en furie, dont les hautes vagues auraient été figées en plein mouvement. Comment une masse si lourde, si compacte et si lente, peut-elle produire de telles formes, des pics et des crevasses si chaotiques, si tumultueux, au point qu’elle semble en proie à de puissantes convulsions. La puissance et la violence immobiles: voici le redoutable Fox Glacier. Au fur et à mesure que nous remontons la coulée de glace et que nous quittons les traces de terre laissées par les éboulements des falaises environnantes, une faible lueur bleutée pointe sous la glace. Dans certaines anfractuosités, cette transparence turquoise se fait de plus en plus vive, plus dense, pour qu’apparaisse sous nos yeux le fameux “bleu glacier”, superbe de froideur et de pureté. Au bout de plusieurs heures de progression, nous atteignons une zone tellement lacérée qu’il est impossible d’aller plus loin. Même les professionnels ne s’y risquent pas: il s’agit de chutes de glace provoquées par un accident du terrain. L’ensemble évoque une vaste forêt de stèles fichées à la verticale, cahin-caha, rayonnant de toute leur transparence bleutée... Magnifique.

Les brèves:

Un brin de conduite
Le long des routes néo-zélandaises, les conducteurs et leurs passagers peuvent lire, inscrit en blanc sur de grands panneaux noirs: “if you’re prepared to speed, be prepared to kill”. Difficile d’être plus clair!

Happy Camper!
Nous ne tardons pas à comprendre que le charme de la végétation néo-zélandaise a un prix: la pluie! Les joyeux campeurs que nous sommes l’apprennent à leurs dépends lorsque, au cours d’un trek dans le parc national d’Abel Tasman, ils marchent deux jours durant sous une averse torrentielle. Cette nuit-là, c’est donc trempés jusqu’aux os que nous montons notre petite tente légère et que, après un festin de boîtes de thon et de fruits secs, nous nous inquiétons de voir que la pluie n’en finit plus de tomber, que de larges flaques se forment un peu partout et que le sol sablonneux commence vraiment à saturer. Au vu de cette menaçante montée des eaux, nous entreprenons de creuser des tranchées autour de la tente, que nous munissons aussi de petits remparts de boue et de sable, dans un fol espoir de dormir au sec. Bientôt blottis dans nos sacs de couchage humides, tétanisés à l’idée de toucher la tente dans notre sommeil – ce qui la rendrait immédiatement perméable –, nous passons la nuit à écouter les gouttes tambouriner sur la toile de notre faible abri ou à rêver d’inondations. Au petit matin, nous n’osons croire à notre chance: la tente a tenu! Sous un léger crachin, nous sortons pour enfiler nos ponchos trempés, qui collent sur nos bras nus et nous étouffent comme de grosses méduses vertes... Il est temps de chanter : “Quoi qu’il arrive, je gar-de le souri-ireuh...”

Avec ou sans filet? Avec!
Un soir, attirés par la possibilité d’observer quelques pingouins s’en retournant au nid après une longue journée de pêche, nous débarquons à Jackson Bay, un patelin perdu au bout d’un cul-de-sac, où nous attendent quelques baraquements de tôle, une jetée dans la mer et des nuées de “sandflies”, ces mouchettes plus voraces que des moustiques et dont la piqûre est presque aussi douloureuse que celles des taons! Nous nous réfugions donc en vitesse dans le petit bois qui mène à la plage où nichent les pingouins... malheureusement les sandflies nous accueillent là aussi avec la même ardeur: impossible de rester là plus de cinq minutes! Nous battons en retraite, mais ce n’est que pour mieux revenir: cette fois dotés de manches longues, nous enfilons des chaussettes en guise de gants et les filets de protection anti-moustique pour la tête (finalement, ils auront servi à quelque chose!). Vêtus comme des apprentis apiculteurs, nous voici parés! De retour sur la plage, nous narguons les sandflies avec un plaisir non dissimulé et notre persévérance ne tarde pas à être récompensée: deux pingouins (“crested”) font leur apparition. Patauds, un peu bossus, ronds comme de petits tonneaux, ils se dandinent autour de leur nid. Nous sommes émerveillés. Bientôt, ils disparaissent dans les buissons et nous repartons en gardant leur petite silhouette attachante en mémoire.

Vies de marins
Un soir, à Colac Bay, nous entrons dans un pub où de solides marins néo-zélandais prennent un verre avant de rentrer chez eux. Les murs sont couverts de photos de bateaux, la plupart franchissant de très hautes vagues non loin de la côte. À y regarder de plus près, certains cadres contiennent plusieurs clichés qui, vus dans un certain ordre, montrent le naufrage de bateaux retournés par les puissants rouleaux. Le patron du pub nous raconte alors l’histoire de ses amis ainsi noyés sous ses yeux. Tout un équipage.

Plein sud et au-delà
Slope Point est le point le plus au sud de l’île du sud. Soit l’extrême sud de notre périple. Étrange sensation, solennelle et émouvante, d’une forme d’aboutissement. Pour la première fois, nous sommes pris à la gorge par une impression de fin de voyage, face à la mer et au ciel immense... Bien que cet endroit marque un terme, il n’est pas sans issue, car l’horizon y est porteur d’avenir et nous y voyons déjà poindre de nouvelles aventures, quelles qu’elles soient. Ni regrettant, ni pressés, nous sommes en phase avec ce moment délicat, ce tournant du voyage.

Nous pourrions clôturer ce blog sur ces deux mots: “The End”, bien qu’il soit probablement plus juste de d’écrire “En route!”pour de nouvelles péripéties. Mais c’est déjà une autre histoire...
Il nous reste alors à dire “Merci!” à vous tous, qui nous avez lus et soutenus, ainsi qu’à tous ceux rencontrés en chemin: merci pour vos sourires, pour votre accueil, pour vos différences, pour vos regards, pour tous ces bouts de route.

Marianne et Chris

1 Comments:

At 15 avril, 2006 13:25, Anonymous Anonyme said...

salut chris et marianne
c est flo et seb du pretibet les 2 reunionnais
ca fait plaisir de suivre vos aventures en NZ (une de nos destinations)
nous somme revenus a cette vie moderne et parfois ennuyeuse mais nous venons juste de rentrer de 15j(seulement et oui) de mayotte
profiter a fond du voyage ca ete pour nous une de nos plusbelles experience
a +
flo et seb

 

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